Le coach fait le bilan
Après 7 matches de pré-saison, 2 de coupe de France et 17 de championnat de Pro A, Laurent Legname fait un bilan de cette première partie de saison :
L’adaptation au climat dijonnais pour ta famille et toi, c’est désormais fait ?
« NON ! (rires) Ca ne sera jamais bon, il fait trop froid ! Ma famille et moi, nous sommes habitués au sud et ça fait un changement. »
Si tu devais ramener du sud un élément, ce serait lequel ?
« Le soleil ! C’est la seule chose qui me manque ! (rires). »
Et si tu devais emporter dans le sud une chose de la Bourgogne ?
« Les vins ! Que ce soit blanc ou rouge, c’est très bon. »
Quelle différence fais-tu entre le coaching en Pro B et celui en Pro A ?
« Aucune. Ça reste une équipe à coacher avec la préparation la semaine pour être le plus performant possible le jour du match, mais rien n’a changé. Je ne vois pas de différence, hormis sur le niveau. »
On revient un coup sur le couac Jared Jordan. Avec du recul, as-tu désormais une réponse à cette non-adaptation ?
« Non. Comme je l’ai dit, je continue de penser que c’est un bon joueur, mais ses qualités n’étaient peut-être pas adaptées au championnat français. Peut-être qu’il y a eu d’autres choses que je ne connais pas mais pour moi ça reste un mystère. J’avance des raisons, mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. »
Justement, qu’est ce que tu as trouvé en David Holston qui te manquait à ce poste de meneur ?
« La capacité à se créer lui même son shoot et ne pas forcément avoir besoin du collectif pour ça. Et à ce niveau-là, Jared n’avait pas convaincu. Il fallait quelqu’un qui puisse le faire et dès la première rencontre face à Orléans, il a su le faire. »
Après chaque signature, tu insistais sur le fait que le joueur en question avait un état d’esprit exemplaire. Aujourd’hui, c’est avéré : Les joueurs ne lâchent rien, encouragent après chaque panier depuis le banc. Est-ce que ce respect des valeurs et du maillot donne davantage de crédit à l’équipe ?
« Oui, c’est sûr. Quand j’ai construit l’équipe j’ai toujours annoncé que l’équipe se battrait et montrerait cet état d’esprit et après la phase aller, ça se confirme donc ça veut dire que sur le recrutement, on ne s’est pas trompé. C’est déjà une belle victoire car même en voulant faire le maximum, nous ne pouvons jamais être sûr et là je pense que tout le monde est satisfait de cet état d’esprit là. C’est quelque chose qu’il faut garder à tout prix. C’est une belle récompense d’avoir pu trouver des joueurs comme ceux-là et d’avoir pu créer un vrai état d’esprit collectif. »
Très rapidement dans cette première partie de saison, tu as appris qu’une victoire allait vous être retirée. Quelle a été ta réaction ?
« C’est arrivé après nos trois victoires. Moi personnellement j’ai subi la sanction car il n’y a rien d’autre à faire. J’ai ce sentiment que nous, les joueurs et même tout le club, pâtissons de ça. Au lieu d’être 7ème à égalité avec Chalon, nous sommes avec les 9 et 10èmes. Heureusement, ça ne nous coute pas la qualification à la Leaders Cup, mais nous allons trainer ça toute la saison comme un boulet. Il faut faire avec et continuer d’avancer en gagnant des matchs. »
Il faut évoquer le cas Myles Hesson. Il a eu du mal à démarrer la saison, tu as même évoqué à un moment que c’était une déception. Aujourd’hui il est beaucoup plus impactant au sein de l’équipe. Quel a été l’électrochoc ?
« Nous avons beaucoup discuté. Il a gardé confiance malgré ses prestations en-dessous de son niveau. Je sais que c’est un bon joueur avec des qualités. De lui-même, il s’est surement mis une pression trop élevée vis-à-vis de la découverte du championnat français dans lequel il veut vraiment prouver son niveau et là il est mieux. Il va encore être mieux en deuxième partie de saison avec plus de régularité. Il va continuer de travailler en étant exigeant avec lui-même pour avoir plus de constance à ce poste-là. »
Autre joueur : Axel Julien. Il arrive comme toi de Pro B et c’est finalement le seul représentant de la JDA Dijon au All Star Game. Ce fut une surprise pour toi ?
« C’est une récompense pour lui et pour le club. Ils ont pris Axel qui méritait sans aucun doute sa place. Après le fait qu’il soit au niveau de la Pro A, pour moi c’est pas du tout une surprise. Il doit encore progresser car il est irrégulier mais ce n’est pas une surprise. »
Tu es aujourd’hui à 9 victoire pour 8 défaites. Quel bilan tires-tu de cette première partie de saison avec ce nouveau groupe ?
Tu n’as jamais voulu l’évoquer, mais maintenant que vous êtes qualifiés tu peux le dire, à quel moment tu t’es dis « oui, il faut se qualifier à la Leaders Cup, c’est un objectif » ?
« Avant le début de la saison ! Je suis un vrai compétiteur. La moindre défaite me rend malade et ça m’énerve. J’ai envie de toujours gagner. Je me suis dit qu’il n’y avait aucune raison pour ne pas y penser. Après les matchs amicaux en dents de scie, nous avons vu que nous étions capables de faire des belles choses. Avec ce groupe je voudrais gagner tous les matchs. Si on a pas cet état d’esprit là, on ne fait pas ce métier. Même quand on perd tout, on croit toujours qu’on peut accéder à tout et c’est ce qui fait avancer. »
Et justement à propos de cette compétition, en 3 matchs on soulève un trophée. Quand on est coach, on se fixe forcément l’objectif de la victoire finale ?
« Non. Je n’y pense pas encore trop car avant cette compétition il y a encore 4 matchs à jouer dont 3 à l’extérieur avec un déplacement samedi à Orléans en coupe de France. Tout le monde m’en parle mais je ne suis pas focalisé là-dessus. Quand nous serons là-bas, l’objectif sera bien entendu de gagner notre quart de finale. Mais je ne vois pas plus loin pour le moment. »
Est-ce qu’il y a un adversaire que tu voudrais affronter dans cette compétition ?
« Nous n’avons aucune pression. Nous y allons pour faire le meilleur match possible au premier tour, c’est sûr. Mais après, peu importe. Ce sera forcément du lourd en face ! »
Il n’y aura pas que du basket là-bas. Vous allez aussi faire un tour dans le parc. Est-ce que tu as déjà une attraction dans laquelle tu as hâte d’être ?
« Moi j’ai peur de tous les manèges. Je fais le train de la mine et c’est déjà pas mal ! Après ça va trop vite, ça fait trop peur (rires). »
Et quel joueur de ton équipe penses-tu peureux et que tu voudrais voir dans une attraction ?
« Je pense que C.J. n’aimerait pas trop Space Mountain… Mais bon, moi non plus ! »
On passe désormais sur la deuxième partie de la saison qui va très vite arriver. Quelle est l’équipe qui te parait la mieux armée pour soulever le trophée en fin de saison ?
« Il y en a plusieurs. Honnêtement je vois 6 ou 7 équipes qui peuvent jouer le tire. J’ai trouvé Gravelines et Strasbourg plutôt intéressants. Mais Limoges va revenir avec ses changements de meneur et coach. Limoges, Gravelines ou Strasbourg je dirais. Mais comme chaque année en Pro A, c’est indécis. »
Tu as affronté toutes les équipes du championnat. Quel joueur t’as le plus impressionné ?
« Il y a des très bons joueurs, mais aucun ne m’impressionne. Andrew Albicy est très performant. Tywain McKee le meneur du Mans est très dur à arrêter. Adrian Uter le pivot de Monaco fait un très gros boulot. Mykal Riley, tout le monde sait ce qu’il est capable de faire. Devin Booker de Chalon a énormément progressé. Il y a beaucoup de très bons joueurs. »
C’est encore loin mais au vu des bons résultats et du petit budget du club, peux-t-on avoir de l’ambition pour la fin de saison au milieu des grosses écuries ?
Ton équipe est la 4ème meilleure défense du championnat avec 70,1 points encaissés de moyenne, ce qui reflète la physionomie défensive présente depuis quelques saisons à Dijon. Ce fut difficile à faire intégrer à ton groupe cette volonté d’être fort sans le ballon ?
Samedi, c’est le retour de la Coupe de France avec un déplacement à Orléans. Comment analyses-tu cette rencontre ?
« Pour moi c’est comme un match de championnat. Je n’y vais pas pour faire un match amical. Ca fait malheureusement le troisième déplacement en trois matchs mais bon, je n’ai jamais de chance dans ces tirages (rires). On jouera contre une bonne équipe de Pro A actuellement avec une bonne dynamique. On fera tout pour gagner, tout simplement. »
Tu as connu Jean-Louis Borg en tant que coach, ça fait aujourd’hui plus de 6 mois que c’est ton manager. Comment ça se passe entre vous ? Est-ce que plus tard un rôle de GM pourrait t’intéresser ?
« Pour l’instant je suis coach et ça me plait. Le futur on ne le connait pas. En posant cette question à Jean-Louis il y a 10 ans, je ne pense pas qu’il t’aurait dit qu’il voudrait devenir manager général. Notre relation se passe très bien, il n’y a aucun problème. Nous échangeons sur l’aspect technique et même sur le fonctionnement du club. Tout va très bien. »
Si tu devais ressortir un moment fort de cette première partie de championnat, ce serait lequel ?
Les supporters, les partenaires et l’environnement général du club d’une manière générale semblent heureux de ce nouveau incarné par tous ces changements. Est-ce une forme de pression pour toi ?
« Si les gens sont heureux, et je pense que c’est une réalité, c’est une bonne chose parce que tout le monde n’envisageait peut-être pas cette bonne première partie de saison. Dans l’équipe il y a encore des choses à améliorer mais ça prend du temps. Mais si on commence à avoir une forme de pression, positive comme négative, on ne fait pas ce métier. Je la crains pas et je reste les pieds sur Terre. Ca se passe bien actuellement mais je sais que ça peut vite tourner s’il y a plus de défaites par la suite. Il faut continuer de travailler et tout donner pour prendre un maximum de victoires. »
Pour conclure, un petit mot pour toutes ces personnes qui te soutienne, toi et ton équipe..
Propos recueillis par Pierre Fleutelot