Bilan de Laurent Legname, 2ème partie
Après avoir évoqué la saison de son équipe dans la première partie de l’entretien, Laurent Legname fait maintenant un bilan plus personnel de sa première année en Pro A.
D’un point de vue personnel, comment as-tu vécu cette saison en Pro A ?
« Mon boulot reste le même en Pro B comme en Pro A. Je dois avoir des résultats, faire le meilleur boulot possible, avoir des convictions, inculquer des valeurs à ce groupe pour que tout le monde tende vers le même objectif commun. Je savais que ce serait difficile car on partait avec un nouvel effectif, avec des joueurs venant de Pro B, des nouveaux américains, Marc qui venait pour se relancer.
Je me suis attaché à bâtir ça avec Fred même si ce n’était pas évident. On sait qu’il faut avoir un collectif à toute épreuve quand il y a pas de star. Ça passait par la défense. J’ai transféré ce que je faisais en Pro B avec cette équipe de Dijon. Je m’y suis mis à fond avec beaucoup d’exigence envers moi même, avec beaucoup de discipline et j’ai surtout pu compter sur des mecs qui me suivaient. Nous avons tous récolté les fruits de cette très belle saison. »
Quel à été ton plus beau moment cette saison ?
« Il y en a eu plusieurs. S’il fallait en ressortir un, je dirais le premier match, face à Orléans. On sortait d’une pré-saison moyenne, tout le monde s’interrogeait sur nos capacités. À domicile d’entrée de jeu ça mettait une petite pression supplémentaire. Mais nous avons joué en mettant la manière et ça a fait du bien à tout le monde.
Nous n’avons pas eu le temps de douter. Nous avons fait des ajustements en amenant David à la place de Jared mais il fallait simplement travailler. J’avais confiance en ce groupe et en ces joueurs. J’étais persuadé qu’avec du travail, nous allions y arriver. »
À l’inverse, ta plus grosse déception ?
« À Antibes on fait vraiment pas un bon match. On venait de faire une grosse prestation à l’ASVEL. Nous étions alors à 4 victoires pour 1 défaite. C’était très frustrant. Sinon au Mans on doit gagner ce match mais il nous est un peu enlevé. On venait de battre Monaco et une victoire face aux manceaux nous aurait permis d’être dans les quatre premiers durant la trêve. C’était une déception par rapport à l’investissement des joueurs ce jour-là. On a fait un gros match. Mais sinon on ne peut pas dire qu’il y a de grosses déceptions avec une saison comme nous avons fait. »
Comment as-tu vécu cette saison en lieu et place de Jean-Louis Borg. Est-ce que ça a été difficile ?
« Non. J’ai toujours dit que nous arrivions derrière quelqu’un dans un club. Oui, j’arrivais après Jean-Louis qui avait fait 5 saisons avec de très beaux résultats donc forcément les gens étaient dans une forme d’attente envers moi. Mais ce n’était pas une pression pour moi, ça va avec le métier. Si on ne supporte pas cela, il faut faire autre chose. »
Est-ce qu’être un jeune coach dans cette ligue est un avantage ou une forme de pression supplémentaire ?
« Il faut toujours débuter. Je termine ma troisième saison en LNB. J’étais avant sur le groupe espoir. J’ai travaillé dur pour être où je suis. Je m’investis à 200% dans ce que je fais. Il faut savoir prendre du recul et relativiser sur certaines choses car tout ne dépend pas que du coach. Il y a une part de talent des joueurs, le fait qu’il n’y ait pas de blessure, la façon dont ils travaillent, la part de chance.. Il faut tout donner avec ses convictions.
Je sais qu’il y aura des saisons où ça se passera moins bien avec des éléments extérieurs qui font que ça va moins bien. Ça arrive dans une carrière. Mais quand ça va bien, il ne faut pas non plus se croire au-dessus, meilleur que ce que l’on est car ça peut aller très vite. Je sais que ça me plait, j’adore mon métier, c’est ma passion et je vis de ça. »
On t’a vu à la fin du dernier match à domicile applaudir le palais, une sorte de communion avec le public. À quoi tu pensais à ce moment là ?
« Ce n’était pas de la nostalgie mais c’était une belle émotion car je voulais, comme les joueurs, remercier le public de nous avoir soutenu toute la saison. Je voulais aussi que le public remercie les joueurs car cette équipe le méritait. Je voulais qu’on termine de la meilleure des façons, en ne faisant pas un non-match comme c’était le cas contre Gravelines car les joueurs ne l’aurait pas mérité et nous serions resté là-dessus. C’était un soulagement d’avoir bien fini la saison et une façon de remercier l’ensemble du club et le public. »
Propos recueillis par Pierre Fleutelot