Bilan de Jean-Louis Borg, 1ère partie
Après avoir pu échanger avec le coach Laurent Legname, c’est au tour du manager général – et ex-entraineur de l’équipe – Jean-Louis Borg, de s’exprimer sur cette année. Dans cette première partie, c’est avec les différentes étapes de la saison qu’il évoque son rôle, son quotidien et fait également le bilan sportif des 10 derniers mois.
Votre annonce de changement de poste à la soirée des trophées 2015. C’était un choix personnel de l’annoncer à ce moment là ?
« C’était une idée conjointe avec le Président Thierry Degorce, mon agent Philippe Savelli, Laurent Legname et moi même de l’annoncer lors de cette soirée des trophées. On trouvait qu’en terme de communication, c’était sympa à faire. »
Après 5 belles saisons au club, c’était pour vous le bon moment pour prendre un nouveau départ ?
« J’ai toujours eu un raisonnement simple : Le jour ou ma passion ne ferait plus autant briller ma flamme et si j’en avais la possibilité, il faudrait que j’arrête. Je trempe dedans depuis tout petit et j’ai tellement de respect pour ce métier qui est aussi ma passion, que je ne pouvais pas tricher avec ça. La deuxième partie de saison dernière et les comportements entre autre de certains joueurs ont un peu éteint cette flamme. En parallèle, lors de nos échanges avec le Président, il m’évoquait cette idée qu’il avait de me confier ce poste de manager général, mais qu’il ne se lancerait dans cette aventure que si j’acceptais.
J’aurais pu prendre cette décision un peu plus tard dans ma carrière, mais c’est quelque chose que je voulais connaitre. Découvrir un autre métier autour d’un club professionnel de basket. »
Est-ce que cette flamme d’entraineur pourrait un jour se rallumer ?
« Mon parcours depuis tout jeune, je le pensais tracé d’une certaine manière. Mais les faits de la vie m’ont montré que rien n’était écrit et que ce qui était prévu n’est pas forcément ce qui vous arrive. Je ne peux pas vous dire que demain ou après demain je ne serai pas coach à nouveau. Mais aujourd’hui, ce n’est pas ce qui m’anime. Le projet est celui de faire évoluer et avancer la JDA Dijon en tant que manager général. »
Justement, être manager général, qu’est-ce que c’est exactement et comment s’est passée votre première saison à ce poste ?
« Nous avons un nouveau Président, Thierry Degorce, qui est chef d’entreprise d’Iserba (basé à Vaulx-en-Velin, près de Lyon). À ses côtés, nous avons également une Directrice Générale qui est Nathalie Voisin, sa soeur, elle aussi au siège de la société. Ils viennent tous les deux environ 2 jours par semaine aux bureaux de la JDA Dijon. Au quotidien il faut faire tourner le club, que ce soit sur le plan sportif, administratif, commercial, relationnel avec les partenaires, avec les collectivités etc. J’applique avec nos collaborateurs, la ligne directrice qu’a fixé le Président. Mes missions étaient basées sur le plan sportif au début de la saison et se sont étendues sur d’autres axes au cours de l’année.
Nous avons passé une belle saison. Le plus important était que sur le plan sportif, et en terme de résultats, nous soyons toujours aussi performants. À titre personnel, ce poste était pour moi une découverte et dans lequel je dois perpétuellement rechercher l’adaptation vis-à-vis de mes nouvelles fonctions qui sont, dans bien des domaines, différentes de celles d’un coach. »
Ne plus être coach et voir désormais les matchs avec du recul depuis l’entrée du tunnel, ça créé quelle sensation ?
« Il y a une frustration du fait que je subis l’évènement, un sentiment d’impuissance. C’est un sentiment assez pénible. Ça ne me donne pas envie d’être acteur, mais je vois et je me dis que je ne peux pas aider. Tu subis et tu attends que ça se passe… En espérant que ça se passe bien. Mais à domicile on n’a pas à se plaindre cette année avec 14 victoires sur 17 matchs. »
Le club a par la suite appris le retrait d’une victoire par pénalité. Quel a été votre sentiment à ce moment-là ?
« Vivre avec le passé, je ne pense pas que ça aide à avancer. On s’est longtemps posé la question avec le Président de faire appel ou non de cette décision. Mais en cas de mauvaise décision, nous aurions pu mettre le club en danger. Une fois que c’était acté, je me suis très souvent mis à la place de Laurent. Je me suis imaginé dans cette situation qui est très désagréable, à subir une situation dans laquelle il n’y était pour rien, comme la direction du club. Il fallait faire avec, en espérant être le plus performant possible.
Ça ne nous a pas finalement empêché de faire la Leaders Cup mais dans une configuration différente, on aurait pu basculer autrement sur la fin de saison. »
Malgré ce point négatif, l’équipe s’est qualifiée en Leaders Cup avant de terminer très fort, à la 9ème place. Quel bilan sportif vous faites de cette saison ?
« C’est indéniablement une belle saison, dans la lignée de ce qu’à pu vivre la JDA ces dernières années. L’équipe fait la Leaders Cup, un moment important pour le club, nos partenaires et nos supporters. C’est un contexte particulier qui fait très plaisir à nos fans. En ce qui concerne les playoffs, nous ne sommes vraiment pas loin. On sait que sur 2-3 matchs, nous aurions pu être plus performants. Je pense au match à Orléans notamment. Avec la dynamique qui était la nôtre à ce moment-là et contre une équipe qui ne jouait mathématiquement plus grand chose, il y avait moyen de passer, mais on n’a pas été bons ce jour-là.
Mais on peut aussi dire qu’on a été tellement performant contre des équipes qui étaient beaucoup mieux armées que nous, qu’on peut être plus que satisfait de cette saison. Bien sur on peut toujours faire un petit peu mieux, comme par exemple un second tour à la Leaders Cup ou un chemin un peu plus long en coupe de France. Mais en prenant la situation du club avec une nouvelle direction, un nouveau staff et 90 % de nouveaux joueurs, c’est forcément une réussite que de faire ces résultats là. Et ça se matérialise en retrouvant un palais des sports comme on l’aime. »
Techniquement parlant, comment tirez-vous ce bilan ?
« Il faut saluer le travail effectué par Laurent et son staff avec cette équipe qu’il a très bien fait jouer. Offensivement, c’est une équipe qui se partageait bien le ballon. Aucun joueur n’a essayé de tirer la couverture à lui. Une vraie volonté de trouver l’extra-passe pour faire la différence. C’était très intéressant. L’équipe s’est mise à beaucoup plus courir sur la fin de saison en recherchant plus de jeu rapide qui faisait réagir le public par ce côté plus spectaculaire.
Défensivement, il n’y a rien à redire puisqu’on termine 2ème meilleure défense du championnat, dans la lignée des précédentes années. Quand j’ai choisi Laurent, j’espérai tendre vers ce type de jeu où il y a cette performance défensive d’abord mais avec une volonté de se partager le ballon en attaque.
Le staff a très bien travaillé et il faut le féliciter : Laurent le coach, Frédéric Wiscart-Goetz son assistant, Éric Chavance le kiné et Jacky Collin le médecin ont fait un boulot extraordinaire. On termine la saison en étant une des équipes qui depuis 6 ans compte le moins de blessés. L’organisation des déplacements et la gestion au quotidien faites par Patrick Haessig et Bernard Carpentier, ont permis à l’ensemble du groupe professionnel de pouvoir évoluer dans les meilleures conditions. De par mes nouvelles fonctions, je souhaitais vraiment que le staff et l’équipe restent concentrés sur le plan sportif, en leur épargnant toutes les contraintes qu’il peut y avoir autour d’une équipe professionnelle.
Enfin et surtout, il faut féliciter l’ensemble des joueurs qui individuellement et collectivement n’ont cessé de progresser cette saison pour atteindre un très bon niveau sur les derniers mois de la compétition. »
Propos recueillis par Pierre Fleutelot