Laurent Legname fait son bilan
La saison 2016/2017 est désormais terminée pour l’équipe dijonnaise. Si la JDA Dijon Basket n’a pas su atteindre les objectifs de début de saison, l’équipe de Laurent Legname a su accrocher l’objectif fixé par la suite, à savoir le maintien de la Jeanne en Pro A. À l’heure où il faut désormais se tourner sur le prochain exercice, le coach – qui vient de signer pour deux ans supplémentaires – fait le bilan.
La saison est terminée et le maintien est acquis. C’est un énorme soulagement !
C’est le bon mot, celui qui revient le premier à l’esprit. Quand on n’est pas sûr de se maintenir à 2 journées de la fin du championnat et qu’on lutte pour rester en 1ère division, avec tout ce qu’il y a derrière, c’est forcément un très grand soulagement.
Le succès tant attendu a été long à arriver. Comment faire pour garder son équipe dans le coup ?
On n’a jamais lâché ! Le groupe n’a jamais explosé et c’est ce qui a fait notre force. Même si, début avril, on a enchaîné 4 matchs contre des équipes du Top 4, la défaite contre le Mans à la maison a fait mal, avant d’aller à Monaco. On a ensuite fait un bon match face à Paris, mais on a échoué de peu. Et puis il y a ce match à Orléans, capital pour accrocher le maintien. Les joueurs connaissaient la situation, et ils ont su ne pas se mettre de pression excessive. On a fait une très bonne première mi-temps, les mecs étaient à l’aise. On a su bien aborder ce match pour empocher ce succès.
La victoire à Orléans, ce fut « une joie similaire à celle de gagner un titre » évoquait Marc Judith.
En tant que coach, je n’ai jamais gagné de titre, mais ce qui est sûr, c’est que les émotions sont très fortes. Le fait de rester en Pro A, d’un coup, c’est comme une boule au ventre permanente qui s’en va. On savait alors qu’on avait fait l’essentiel et l’émotion est ressortie, pour tout le monde. On savait tout ce que cela représentait, mais aussi parce que tout le monde s’est battu pour ça : joueurs, staff, les salariés du club, les supporters. Quand tout le monde se bat et qu’on va dans le même sens, c’est encore plus gratifiant, plus fort.
Derrière, l’équipe réalise une dernière prestation spectaculaire à domicile face à Pau-Orthez. De quoi terminer la saison sur une bonne note !
Contre Pau, même si la rencontre était sans enjeu, les deux équipes voulaient vraiment gagner. Et avec ce scénario, le retour en deuxième mi-temps, l’ambiance exceptionnelle avec un public présent en nombre. Tout le monde garde en tête ces deux succès qui vont au final que la fin est belle et c’était important de finir sur une bonne note avec cette 13ème place.
Dans l’entretien avec le Bien Public, tu évoques une cassure présente depuis le match contre Nanterre, qui a fait basculer la saison.
On récupère alors Jacques Alingué qui revient de blessure après 5 matchs (2 victoires et 3 défaites), dont celui qu’on aurait dû prendre, en ouverture de saison, à Limoges. On sort de deux belles prestations face à Nancy et à Antibes. On reçoit alors Nanterre. On fait un très bon match, et on rentre au vestiaire en menant 41 à 26. Je ne sais pour quelle raison, on s’est arrêté de jouer. Nanterre en a profité pour hausser son niveau de jeu et on perd ce match en prolongation. Je me souviens qu’il y avait une énorme déception ambiante dans le vestiaire, après le match, beaucoup d’incompréhension.
On a eu du mal à passer outre cette déception et j’ai ma part de responsabilité là-dedans. Par la suite, on perd 3 matchs sur le même registre : Au Mans, contre l’ASVEL et chez le HTV. Ce mois de novembre nous a fait basculer dans la deuxième partie de tableau, nous faisant jouer le maintien, plutôt que les playoffs. Et forcément, le fait d’être dans cette deuxième partie de tableau a un impact psychologique sur le groupe.
De nombreuses péripéties ont eu lieu cette saison : les courtes défaites (8 revers de 5 points ou moins et/ou en prolongation), les recrutements qui n’ont pas abouti au cours de l’année et cette lutte terrible pour le maintien. C’est la saison la plus dure de ta carrière ?
La plus dure, mais aussi la plus enrichissante. Lorsque j’ai débuté ma carrière de coach, je savais que ce ne serait jamais linéaire, avec des saisons où ça ne va pas toujours comme on le veut. J’ai eu 3 premières saisons plus que satisfaisantes et cette saison plus que moyenne. Mais si tout au long de ma carrière, j’ai 75% de saisons réussites, je signerai dès aujourd’hui ! Il fallait que ça arrive un jour, même si on ne le souhaite jamais.
C’est aussi là où on apprend énormément. En une saison comme ça, on apprend pour 5 années. On est obnubilé par le travail, par l’envie de se maintenir. On tente de changer les choses en appliquant différentes méthodes, différentes approches avec les joueurs. J’apprends de mes erreurs pour la suite de ma carrière.
Désormais, il faut se pencher sur la prochaine saison. C’est un nouveau départ pour toi (renouvellement de contrat) et tu repars avec une feuille presque vierge (seul Jacques Alingué est sous contrat). Comment va s’organiser cette période de recrutement et quelles seront les priorités du staff ?
Le recrutement, ce n’est jamais une science exacte, encore plus quand on dispose de moyens financiers comme la JDA Dijon Basket. Il faut en premier lieu prendre son temps, être patient. On sait que le règlement nous oblige à avoir 4 joueurs formés localement. On sait également qu’en jouant qu’un match par semaine, un effectif de 10 joueurs est, je pense, contre-productif. Donc l’orientation, c’est de prendre plutôt 8 joueurs + 1 neuvième qui aura un rôle au sein du groupe. Se baser sur 9 joueurs.
On sait aussi que les JFL référencés en Pro A sont hors de portée pour un club comme le nôtre, donc il faut essayer d’être malin et de trouver des joueurs JFL qui sont soit revanchards, soit venant de l’échelon inférieur. Et ensuite, nous nous attaquerons au marché US. Mais le plus important est la base des joueurs formés localement, garants de l’état d’esprit du club.
Quels enseignements tires-tu de la saison écoulée, pour aborder de la meilleure manière possible la période du recrutement ?
Il faut tout faire pour ne pas se tromper sur le recrutement et l’équilibre qu’on veut donner à l’équipe, essayer de prendre des joueurs avec un peu plus de talent individuel offensif, car le collectif ne peut pas tout faire. Il faut aussi relativiser beaucoup plus les victoires comme les défaites, ne pas céder à l’euphorie ou à la panique et donner encore plus de confiance dans le management, envers l’attitude des joueurs, en les accompagnants vraiment, pour qu’ils donnent le meilleur d’eux même et qu’ils soient en pleine confiance.
Pour terminer, ton pronostic sur le futur champion de France ?
Strasbourg vainqueur, 3-2.